La CIRA est contre le blocage de l'accès internet

05 Août 2015

Byron Holland, PDG et Directeur exécutif de la CIRA (Canadian Internet Registration Authority), a écrit un article dans le Montreal Gazette, où il disait qu'il ne serait pas avisé pour le gouvernement provincial du Québec d'instaurer le blocage du DNS (Système de Nom de Domaine) des sites web non autorisés au Canada, notamment ceux qui sont en concurrence avec l'entreprise Espacejeux. D'après Byron Holland, cela soulève beaucoup de préoccupations d'ordre technique et social.

« Le blocage du DNS (Système de Nom de Domaine) est une pratique plutôt courante. La Turquie s'en servait pour bloquer des sites tels que Twitter et YouTube. Cependant, cette pratique faisait partie de la Grande Muraille Numérique de Chine et constituait l'essentiel du Stop Online Piracy Act. Toutefois, cela soulève beaucoup de préoccupations d'ordre technique et social », déclara Holland.

Au cours d'une déclaration, le gouvernement provincial du Québec affirmait plus tôt qu'il espère accroitre les revenus d'Espacejeux en employant des stratégies contre les opérateurs de pari en ligne concurrents, mais non autorisés, qui offrent de meilleures cotes ainsi que d'autres incitations.

Cette tactique est rarement efficace

Holland pense que le blocage du DNS n'est pas très efficace, étant donné que cela ne fait que rendre l'accès aux sites web plus difficile. Il justifie cette assertion par un exemple : « Les Canadiens qui regardent le Netflix américain savent à quel point il est facile de contourner un blocage d'IP. Avec une simple recherche en ligne, ils trouveront des centaines de services qui permettent d'éviter le blocage du DNS. Cette stratégie n'avait pas fonctionné en Turquie, et elle ne fonctionnera pas non plus pour le gouvernement du Québec ».

D'après lui, cette stratégie de blocage soulève des questions d'atteinte à la liberté d'expression d'un point de vue social, tandis que d'un point de vue technique, cela menace la sécurité et la stabilité d'internet. Il affirme également que si les populations vivant au Québec veulent accéder à des sites de pari en ligne qui acceptent les joueurs canadiens, en dehors du site Loto-Québec, elles y arriveront si elles le veulent, parce qu'il existe plusieurs autres services tiers qui contourneront les filtres. Bien que la plupart de ces services soient sûrs, il y en a certains qui ne le sont pas et présentent un risque de sécurité pour l'utilisateur, notamment celui d'usurpation d'identité et d'infection par des machines vérolées.

Le blocage du DNS craque une importante technologie de sécurité

Cette stratégie craque également une technologie de sécurité appelée DNSSEC qui protège des internautes. Le protocole DNSSEC apporte une couche complète de sécurité supplémentaire, en vérifiant l'intégrité de la demande d'information sur internet, ce qui empêche des actes comme la pollution du cache DNS ou la manipulation du DNS. Par conséquent, cette mesure est rendue complètement inutile par le blocage du Système de Nom de Domaine.

« Au Canada, nous utilisons le même internet que d'autres personnes vivant dans diverses régions du monde. Ainsi, le blocage du DNS constitue un pas vers la fragmentation de l'internet et sa compromission dans son essence même », avertit Holland. Il termine sa déclaration en encourageant le gouvernement du Québec à ne pas punir l'internet à cause des actions de quelques personnes. « Les résultats du blocage du DNS ne valent pas les bénéfices escomptés, lorsqu'on prend en compte les menaces sécuritaires auxquelles les internautes pourraient être confrontés ».