La CIRA est contre le blocage de l'accès internet

04 Août 2015

Byron Holland, le PDG de la CIRA déclare que ce serait une mauvaise idée que le gouvernement du Québec commence par bloquer les sites de pari en ligne non autorisés au Canada.

Dans un article paru dans le Montreal Gazette, Byron Holland, PDG et Directeur Exécutif de la CIRA (Canadian Internet Registration Authority), déclare qu'il n'est pas judicieux de la part du gouvernement provincial du Québec de mettre en œuvre son projet de blocage du DNS (Système de Nom de Domaine) des sites de pari non autorisés au Canada, en particulier ceux qui sont en concurrence avec Espacejeux, son propre site de pari légal. Nous avions plus tôt discuté du Québec qui propose de bloquer l'accès internet à Grizzly Gambling. D'après M. Holland, le blocage du DNS est un fait plutôt courant, et la Turquie s'en est servie pour bloquer les réseaux sociaux comme Twitter et YouTube. Cette pratique fait partie de la Grande Muraille Numérique de Chine et était au centre du Stop Online Piracy Act. Il a aussi déclaré dans cet article que le blocage du DNS soulève de nombreux problèmes sociaux et techniques.

Plus tôt cette année dans un communiqué, le gouvernement québécois faisait savoir qu'il souhaitait améliorer les revenus d'Espacejeux en employant des stratégies pour bloquer les opérateurs de pari en ligne non autorisés qui étaient en concurrence avec son site. Il s'agit d'établissements qui offrent de meilleures cotes et d'autres incitations aux joueurs, mais qui ne sont pas autorisés à exercer selon les lois qui régissent le pari en ligne au Québec.

Selon les déclarations de Holland dans cet article, le blocage du DNS est rarement efficace, en ce sens que cela se limite à compliquer l'accès aux sites web. Il donne un exemple en montrant comment les Canadiens qui suivent le Netflix américain savent à quel point il est facile de contourner le blocage de l'adresse IP. Avec de simples recherches en ligne, il est possible de trouver des centaines de services qui les aideront à contourner le blocage du DNS. Il explique que le blocage du DNS n'a pas fonctionné en Turquie, et que ce sera également le cas pour le gouvernement du Québec.

A son avis, le blocage menace la liberté d'expression d'un point de vue social, alors que d'un point de vue technique, il entrave la sécurité et la stabilité d'internet. Il souligne également que si les personnes qui résident au Québec souhaitent accéder à d'autres casinos en ligne qui acceptent les joueurs canadiens, ils trouveront un moyen de le faire. Il existe une multitude de services tiers qui les aideront à contourner les filtres que le Québec a mis en place. Certains de ces services ne sont pas sûrs, et ils peuvent porter atteinte à la sécurité des utilisateurs, surtout en ce qui concerne l'usurpation d'identité.

Le blocage du DNS met également à mal une technologie de sécurité connue sous le nom de DNSSEC, qui est implémentée pour protéger les utilisateurs d'internet. Le protocole DNSSEC apporte une couche complète de sécurité supplémentaire, en vérifiant l'intégrité et la recherche d'informations sur internet, empêchant ainsi la pollution du cache DNS ou la manipulation de l'espace des noms de domaine.

Holland conclut son article en affirmant que le Canada utilise le même internet que le reste du monde, et que le blocage du DNS est une étape vers la fragmentation d'internet et sa compromission dans son essence même. Il encourage le gouvernement du Québec à réfléchir soigneusement et à ne pas punir l'internet à cause des actions d'un groupe isolé de personnes. Selon lui, les résultats du blocage du DNS ne valent pas les résultats attendus par le Québec, surtout comparés aux menaces de sécurité auxquelles plusieurs clients pourraient être exposés.